𝐃𝐢𝐬 𝐏𝐚𝐩𝐚, 𝐩𝐨𝐮𝐫𝐪𝐮𝐨𝐢 𝐥𝐞𝐬 𝐡𝐨𝐦𝐦𝐞𝐬 𝐧𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐥𝐞𝐧𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐝’𝐞́𝐦𝐨𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 ?

- Dis Papa, pourquoi les hommes ne parlent pas d’émotions ?

- Bien bonne question mon fils. Pourquoi tu me demandes ça ?

- Bah, on en parle jamais en classe et pourtant tu m’as dit que c’était un des plus importants apprentissages pour moi.

- Ah, je comprends mieux. Tu te demandes pourquoi on en parle autant à la maison et pas du tout à l’extérieur ?

- Oui, c’est ça.

- Tu te souviens la fois où tu avais vu une vidéo choquante dans ton cours d’espagnol ?

- Oui, la fois où je n’arrivais pas à dormir.

- Oui, on en a discuté, parlé de tes émotions, fait quelques exercices de respiration et tu as pu t’endormir facilement.

- Oui je m’en souviens bien.

- Vous en avez reparlé en classe après ?

- Non, pas du tout.

- Et avec tes potes ?

- Pas du tout non plus. C’est ça le hic.

- Tu veux dire quoi ?

- Le truc, c’est que si moi je n’ai pas pu dormir, j’imagine que d’autres potes aussi et pourtant personne n’en parle, comme si la violence qu’on avait vue était normale.

- Comme banalisée ?

- Oui, c’est ça. Mais du coup, si on accumule beaucoup d'images comme ça, choquantes, violentes et qu’on n'en parle pas à quelqu’un, on va les garder en nous ?

- Oui tout à fait.

- Et c’est dangereux ?

- Oui, c’est même très dangereux.

- Tu peux m’expliquer ?

- Yes. A chaque fois, que tu vis quelque chose de difficilement émotionnellement, tu as 2 options : soit faire comme ci, ça n’existait pas, comme la majorité des hommes. Les émotions sont comme bloquées dans ton corps. Soit prendre le temps de les ressentir dans ton corps, de mettre des mots dessus pour que les émotions fassent leur travail et puissent repartir de ton corps.

- Qu’est-ce qui se passe dans le premier cas ?

- Quand on fait comme ci ça n’exitait pas ?

- Oui.

- Ok. D’abord, c’est la tête qui fait comme ci ça n’existait pas. Le corps lui est fait pour vivre des émotions et les vit de toutes façons que la tête soit d’accord ou pas, qu’elle le sache ou pas.

- Ils peuvent ne pas être d’accord ? La tête et le corps ?

- Oui, tout à fait. Le corps peut exprimer qu’il ressent de la tristesse, de la colère, de la peur, est dégouté, est apeuré… C’est sa façon de dire à la tête comment il vit les choses.

- Et la tête n’écoute pas ?

- Aujourd’hui, très souvent, la tête n’écoute pas ce que dit son corps. C’est là que c’est dangereux.

- Pourquoi ça ? Qu’est-ce qui se passe sinon ?

- Imagine tu es dans une voiture. La tête est le conducteur. Le corps est le mécanicien qui s’assure que la voiture est en bon état de fonctionnement.

- Oui, je vois bien.

- Si au cours du trajet, le mécanicien constate des problèmes, il va en parler à la tête pour qu’elle arrête la voiture. Qu’il la répare. - Et qu’ils repartent.

- Oui, ça parait sensé. Et donc ?

- Imagine, pendant des années, la tête ne prend pas du tout en compte ce que dit le mécanicien. Tu penses qu’il va se passer quoi ?

- Bah, la voiture sera toute cabossée, abimée et à un moment elle risque de moins bien rouler.

- Tout à fait. Une voiture mal entretenue va rouler jusqu’à qu’elle ait un gros problème, que le conducteur soit obligé d’aller au garage.

- Je comprends mieux. Merci.

- Je t’en prie.

- Mais pourquoi les grandes personnes n’en parlent jamais alors ?

- Parce que c’est dur d’accueillir ses émotions.

-Accueillir ?

- Pardon, je veux dire écouter ce que tes émotions veulent te dire. La colère par exemple parle en général que tes limites sont dépassées. Comme quand quelqu’un ne t'a pas respecté.

- Ah ok, je ne connaissais pas le terme d’accueillir ses émotions.

- Mais pourquoi c’est dur ?

- Parce qu’écouter ses émotions, ça s’apprend. Si on n’a jamais appris à écouter ses émotions, le jour où on ouvre le capot, c’est comme si tu ouvrais un placard avec un gros monstre dedans. Tu refermes aussi tôt ou tu cours.

- Mais il est peut-être gentil le monstre ? Comme dans Monstre et Compagnie ?

- Oui tout à fait. Ce n’est pas un monstre en fait. C’est à la fois un protecteur et à la fois celui qui permet de se sentir vivant. Il a besoin d’attention, d’amour et d’écoute.

- Tu veux dire que les hommes ont peur de leurs gentils monstres dans leur placard donc il préfère laisser fermer le placard ?

- Oui, certains vont faire comme ci leur monstre n’existait. Ils « évitent » le problème.

- Ils peuvent faire ça longtemps ?

- Comme je te disais plus haut, ce n’est pas possible. Et puis, ça les oblige à être comme « coupés » d’une énorme partie d’eux-mêmes. La partie vivante de leur corps est ainsi comme inexistante. Ils vivent depuis la tête, dans un monde restreint. J’étais comme ça avant.

- Maman faisait comme ça, elle aussi ?

- C’est un peu différemment, ta maman, c’est comme si elle avait laissé sortir le monstre et qu'elle avait très peur de le croiser. Dès qu’elle le voyait, même de loin, elle partait en courant en criant que le monstre était là en demandant de l’aide.

- Ah ok, c’est pas facile vos vies d’adultes.

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Et vous, comme faites-vous avec vos monstres du placard ? comment expliquez-vous à vos enfants l’accueil de vos émotions ?

Si vous êtes un couple et que vous avez les deux modes activés, venez en discuter en privé avec moi.

Belles bises monstrueuses

Mahdi Lansari

21/06/2023